Bonjour,
Je viens de lire les RFE. Eh bien je ne suis pas persuadé, et je pense surtout qu'il faut bien lire entre les lignes pour comprendre ce que ça apporte.
Question 1. En l’absence de critère de ventilation au masque difficile doit-on vérifier la
possibilité de ventiler au masque facial avant l’administration d’un curare ?
R1.1 – Il n’est probablement pas recommandé de tester la possibilité de ventiler au masque avant d’administrer un curare. (Grade 2-) Accord FORT.
Recommandation de grade 2-, donc d'après la méthodologie, « Faible : Il faut probablement faire ou ne pas faire (GRADE 2+ ou 2-) ».
En pratique, je vois plusieurs façons de faire, d'après ce que je lis des débats.
1. Induction et intubation en séquence rapide.
Après injection d'un hypnotique d'action rapide et d'un curare d'action rapide, on intube sans ventiler au masque.
Utilisation de la succinylcholine, pas cher, plus allergisant, non réversible, mais de courte durée d'action. Si la préoxynénation est de bonne qualité, même si on n'arrive ni à intuber ni à ventiler au masque, le patient aura repris une ventilation spontanée avant de mourir.
Utilisation du rocuronium, plus cher, surtout qu'il faut disposer de sugamadex (très cher). Moins allergisant. Pas d'augmentation de la kaliémie.
2. Injecter l'hypnotique, le morphinique et le curare dans la foulée sans attendre l'effet de l'hypnotique et sans tester la possibilité de ventiler au masque.
Ensuite, soit on attend que le curare ait fait effet, et dans ce cas, il faudra ventiler au masque. On gagne au mieux trente secondes.
Soit on intube sans attendre que le curare ait fait effet, en comptant si j'ai bien compris sur l'effet de l'hypnotique, du morphinique, et le début de l'effet du curare (et on sait que les cordes vocales ne seront pas paralysées).
Au total, le bénéfice du curare pour l'intubation est faible. Et on prend les risques liés à l'injection d'un médicament supplémentaire.
3. Intuber sans curare.
Si on lit les recommandations, ça n'est pas recommandé : R2.1 – Il est recommandé d’administrer un curare pour faciliter l’intubation de la trachée. (Grade 1+) Accord FORT.
Je suis quand même surpris, dans l'argumentaire, par « Sans curare, [...] 24,6 % ont des mauvaises conditions d’intubation. »
Je n'ai pas lu l'étude à laquelle cette phrase fait référence, mais j'aimerais savoir ce que sont « des mauvaises conditions d'intubation ». Et je pose la question à ceux qui ont déjà intubé sans curare, est-ce que sans curare un patient sur quatre a des mauvaises conditions d'intubation ?