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Réponse du SNIA

Posté : 04 nov. 2015, 13:47
par Bruno huet
Lettre ouverte à l'association "Samu Urgences de France"



La profession infirmière-anesthésiste est déconcertée et en colère après la publication de votre « livre blanc » sur l'organisation de la médecine d'urgence en France.

À aucun moment le nom de vos plus proches collaborateurs depuis le début de la médicalisation de l'avant n'est cité dans ce document de 48 pages. Le SNIA a publié un document sur la place de l'IADE en pré-hospitalier dont vous avez été destinataire.

Comment comprendre et accepter que vous reconnaissiez une formation insuffisante des infirmiers en soins généraux et que vous recommandiez une formation complémentaire en pratique avancée alors que vous disposez d'infirmiers spécialisés en anesthésie, réanimation, urgences et prise en charge de la douleur, reconnus niveau master et qui possèdent une formation spécifique sur le pré-hospitalier?

Il est surprenant de constater que les signataires de ce document ne sont pas que des urgentistes mais aussi quelques professeurs agrégés en anesthésie qui ont exercé des responsabilité dans certaines écoles d'anesthésie. Ces derniers connaissent bien les capacités opérationnelles des infirmier(e)s-anesthésistes pour les avoir mis en avant dans leurs publications professionnelles.

Comment comprendre et accepter que nous ne soyons pas cités alors que les recommandations de la Société Française d'Anesthésie-Réanimation (SFAR) indiquent que « l'Infirmier(e) anesthésiste est le collaborateur idéal du médecin dans la prise en charge des patients en état grave et de leur transport intra ou extrahospitalier » ?

Les recommandations signées par la SFAR et la Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU) concernant la sédation et l'analgésie indiquent que le médecin urgentiste peut être amené à réaliser une anesthésie. Qui peut pertinemment collaborer avec l'urgentiste dans ces prises en charge à haut risque et ces techniques réalisées ponctuellement alors qu’elles sont parfaitement maitrisées par l’Infirmier(e)-anesthésiste.

Il semble important de vous rappeler que l'IADE est également le personnel dédié aux activités des services mobiles d'urgence et de réanimation par le législateur qui le priorise a l'article R4311-12 du code de la santé publique.

Comment comprendre et accepter que les infirmier(e)s-anesthésistes ne sont pas cités dans votre document alors que nous vivons une situation de crise constante avec un haut risque d'attentat et que par ailleurs des membres de votre communauté publient :
«  Infirmiers-anesthésistes dans les situations de catastrophe C. PINEAU, D. JANNIERE (SAMU de Paris) : Le personnel d’anesthésie-réanimation est bien évidemment le mieux placé pour prendre en charge les polytraumatisés des situations de catastrophe. L’expérience de l’infirmier-anesthésiste au quotidien dans les services de SMUR lui permet une adaptation aisée en situation d’exception. Dans ce type de situation, le personnel médical disponible est peu nombreux au regard de la quantité́ de patients à soigner. Un certain nombre de gestes médicaux sont donc délégués et l’infirmier-anesthésiste se retrouve rapidement au centre du dispositif de soins, il a fait la preuve de sa compétence lors des situations d’exception que nous avons eu à gérer ces dernières années. L’infirmier-anesthésiste est un soignant : il va pouvoir apporter sur le terrain sa compétence technique » ?

Concernant la "paramédicalisation" des secours:

Comment accepterions nous d'être comparés à des secouristes formés en 70 heures contre un cursus d'un minimum de 7 à 8 ans pour les infirmier(e)s-anesthésistes et écrire dans votre référentiel de formation des infirmiers d’urgences SFMU : « L’autonomie, la capacité d’anticipation, l’adaptation, l’improvisation contrôlée ainsi que la pleine participation au diagnostic sont l’essence des soins infirmiers en médecine d’urgence » ?

Comment comprendre et accepter vos contradictions concernant votre positionnement sur le rôle de l’infirmier dans l’aide médicale urgente sans médecin?
Vous dites : « Il y aurait en revanche une place, en intervention primaire d’aide médicale urgente, pour l’infirmier sans médecin, en complément des dispositifs existants, dans des indications ciblées et des conditions rigoureuses de mise en œuvre conformément aux préconisations du présent document ».

Comment comprendre et accepter que d'une part vous conseilliez vivement la présence d'un IADE dans vos recommandations sur les Transports Infirmiers Inter Hospitalier et que vous ne le citiez pas dans votre « livre blanc » ?

Comment comprendre, accepter vos contradictions concernant les écrits de « Samu Urgence de France » sur le rôle de l’infirmier dans l’aide médicale urgente hors présence médicale. « Il y aurait en revanche une place, en intervention primaire d’aide médicale urgente, pour l’infirmier sans médecin, en complément des dispositifs existants, dans des indications ciblées et des conditions rigoureuses de mise en œuvre conformément aux préconisations du présent document ».

Comment accepter ensuite l'affirmation selon laquelle les infirmiers n'apportent pas de plus value par rapport aux secouristes. Doit-on demander au Professeur Carli de confier ces TIIH de patients intubés, sédatés à des secouristes ?

Comment comprendre et accepter vos contradictions dans vos écrits alors que vous éditez vos propres recommandations de protocole d'urgences pour les infirmiers puis dernièrement vos recommandations concernant ceux des infirmiers sapeurs-pompiers ?

Vous déclarez que les Infirmiers d’Accueil et d’Orientation ont montré leurs efficiences. Vous leurs confiez la responsabilité de la catégorisation à l'accueil des urgences qui aboutit à ce que le patient ne sera consulté par le médecin que quelques heures après. Ces IAO peuvent administrer des antalgiques sur protocole mais dès qu'il s'agit de le faire à l’extérieur de l'hôpital, les infirmiers-anesthésistes deviendraient alors incompétents et mettraient les patients en danger.


Comment voulez-vous que la profession infirmière accepte votre déni concernant la capacité pour tout infirmier de mettre en place des mesures conservatoires ou d'appliquer des protocoles lorsqu'il est confronté à une urgence. Cette situation est déjà envisagée par le code de santé publique dans son article 4311-14.

Il ne s'agit pas de remplacer tous les SMUR par des équipes paramédicales mais bien d'envoyer un effecteur intermédiaire pour prendre en charge certains types de missions tout en prenant en compte la balance risque-bénéfice-coût d'une telle intervention.

Nous ne comprenons pas votre position dogmatique de refuser la mise en place d'une réponse intermédiaire entre l'ambulance de réanimation médicalisée et le secourisme.

Vous écrivez que les urgences vitales augmentent peu (moins de 10%) alors que la demande de soins non programmés est en augmentation concernant l'envoie d'un vecteur de transport.
Plus de 60 % des interventions SMUR aboutissent à un transport non médicalisé et le mode de calcul des budgets MIGAC est proportionnel aux nombres de sorties.
Ceci amène les SAMU à augmenter le nombre de départs afin de justifier l'augmentation des budgets dans une période de difficulté budgétaire alors que vous écrivez que le nombre d'urgences vitales n'augmente pas.

Concernant les médecins correspondants, vous écrivez que 67% des territoires s'arrêtent de fonctionner à minuit. Dans 47% départements , l'arrêt concerne plus des 3/4 du territoire.
En dehors des horaires de la PDSA, trouver un médecin généraliste disponible s'apparente à un parcours du combattant. La dernière communication de l'AMUF le souligne Dans ces conditions ou trouver vos médecins correspondants ?
Vous croyez sérieusement que les médecins scolaires vont apporter la solution.
Dans nos propositions de para-médicalisation des secours, les compétences de l'intervenant sont connues. Les expériences antérieures (ex :Thionville) ou toujours en cours (Clinique des trois frontières, CHU de Montpellier,…) ont démontré la capacité des IADE à prendre en charge seuls des patients.

Vous comprendrez que la profession est scandalisée ce qui explique les réactions parfois violentes sur les réseaux sociaux.

Sachez que la profession s'interroge sur les motivations qui vous poussent à un tel positionnement.

La DGOS va prochainement organiser une réunion de concertation entre les IADE et les urgentistes pour réfléchir sur le rôle actuel et potentiel des IADE en pré-hospitalier.
Nous souhaitons que le débat soit dépassionné, constructif, et surtout au profit des patients et de notre système de santé.

Cordialement

Le SNIA

Posté : 04 nov. 2015, 18:06
par i love cats
Très belle lettre ouverte.

Re: Réponse du SNIA

Posté : 04 nov. 2015, 22:54
par Dropéridol
Parmis les 20 propositions que le livre blanc du Samu propose,jai relevé celle ci qui me paraît pas mal:
"Evaluer la pertinence de l’implantation actuelle des Smur terrestres et s’assurer de l’adéquation de la composition de leur équipe avec les textes réglementaires"
On leur dit maintenant que l'iade en prehospitalier à toute sa place ou on attend les réunions de janvier? :)

Re: Réponse du SNIA

Posté : 05 nov. 2015, 16:47
par Bruno huet
Bonjour

On peut le dire et le crier.
Ils en sont convaincus mais nous leur faisons peur car de nombreux politiques trouvent que le SMUR commencent à couter très cher surtout lorsqu'il déclare que le nombre d'urgence vitale n'augmente pas mais que le nombre de sortie lui explose.
L'IADE est une vrai alternative et la meilleur défense est l'attaque ou l'ignorance ( c'est la stratégie actuelle)
Les urgentistes débattent sur leurs forums car ils trouvent aussi qu'un trop grand nombre d'intervention ne nécessite pas la plus value de médecin spécialiste urgentiste.
Comme pour l'anesthésie, nous ne souhaitons pas remplacer les urgentistes mais seulement prendre une place qui nous revient pour certaines interventions.
La grosse crainte, réside que la para-médicalisation de certains primaires amènera la fermeture de ligne de SMUR classique ( Budget constant)et çà il ne veulent pas en entendre parler.
Ce constat démontre que nous sommes sur la bonne piste puisque certains l'envisagent mais en voulant créer une nouvelle formation type IDE Urgentiste.

La dernière réunion au ministère sera déterminante et nous serons force de proposition.
La réponse à Samu Urgence de France du SNIA ainsi que de la CGT ( la communication commune n'a pas pu se réaliser à cause d'un problème technique, mais nous nous retrouvons entièrement sur le fond) ne manque pas d'argument et nous en avons bien d'autres.
Restera, la réunion avec les urgentistes au ministère, gageons que les contacts pré-réunion du ministère seront constructifs et permettrons à chacun d'avancer et de trouver un compromis acceptable et sécuritaire pour les patients.


La proposition "adéquation de la composition de leur équipe avec les textes réglementaires" correspond à ce que nous avons dénoncer dernièrement avec le témoignage du médecin du SMUR intervenu lors de la catastrophe de Bretigny. En effet, il reste encore des SMUR qui fonctionnent sans infirmier dans l'équipage pour les interventions primaires, ce qui est contraire à la loi et amène des glissements de taches vers les ambulanciers.

IADE UNITED