Compétences des infirmières : l’exemple britannique
Londres, le mardi 22 novembre 2005 – A l’occasion des dernières élections législatives en Grande-Bretagne, le monde entier et la France, notamment, s’étaient attelés à décrypter les échecs et les succès du gouvernement de Tony Blair. Il était apparu assez unanimement que la remise sur pied du National Health Service (NHS) constituait l’une des plus remarquables réussites du Premier ministre britannique. La guérison du système de santé anglais n’est cependant pas totalement complète et le pays doit faire face, à l’instar de nombreux autres états occidentaux, à d’importants problèmes de démographie médicale. En Grande-Bretagne, la situation est cependant plus inquiétante qu’ailleurs, leur taux de médecins pour 100 000 habitants ne dépassant pas les 166, quand il est de 329/100 000 en France.
L’ensemble des professionnels de santé est concerné par une démographie médicale chancelante. Ainsi, malgré une première victoire salariale pour les infirmières britanniques en mars dernier, la différence qui existe entre les rémunérations anglaises et celles proposées aux Etats-Unis ou en Australie laisse encore à de nombreuses « nurses » l’envie de dépasser les frontières de la Manche. Le Royal College of Nursing (RCN) a lancé l’alerte la semaine dernière : de nombreuses infirmières d’origine étrangère aspirent aujourd’hui à quitter la Grande-Bretagne pour rejoindre d’autres contrées. Quand une infirmière expérimentée et spécialisée peut espérer outre-Manche une rémunération de 25 000 livres par an, elle atteint 10 000 livres supplémentaires aux Etats-Unis. Peut-être la perspective d’un élargissement de leurs compétences incitera quelques unes de ces professionnelles tentées par l’exil à rester sur le sol anglais.
La loi annoncée la semaine dernière par le ministère de la Santé, Patricia Hewitt, est destinée à apporter une double réponse aux problèmes de démographie médicale. En autorisant les infirmières et les pharmaciens à partir du printemps prochain à prescrire tous les médicaments, à l’exception des produits considérés comme des stupéfiants, le gouvernement espère non seulement contenter les infirmières, mais également pallier la pénurie de médecins. Après une formation de trente-huit jours, il sera désormais possible à ces professionnels de santé de remplir et signer des ordonnances. Les infirmières britanniques jouissaient déjà d’un certain pouvoir de prescription qui n’a cessé de progresser ces dernières années. Les praticiens ne se sont pas toujours opposés à ces transferts de compétence vers les infirmières, mais aujourd’hui, ils ne cachent pas leur colère et leur appréhension. Le porte-parole de la British Medical Association a ainsi commenté : « C’est une décision irresponsable et dangereuse ».
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