Interview Colloque ANCESU

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Capitaine Cousteau
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Interview Colloque ANCESU

Message : # 73307Message non lu Capitaine Cousteau »

Interview] Dr Christine Ammirati, présidente de l'Ancesu
"La DGOS veut nous exclure des Mig octroyées aux Samu pour nous autofinancer sur nos formations"

Le 25e colloque de l'Association nationale des centres d'enseignement des soins d’urgences (Ancesu) se tient du 11 au 13 décembre à Amiens. L'occasion d'aborder avec Christine Ammirati, sa présidente, le financement des Cesu, la formation par simulation et la place revendiquée dans le parcours de soins.


Hospimedia : "La simulation en santé a le vent en poupe avec, encore tout récemment, une instruction ministérielle accordant 8,3 millions d'euros pour la promouvoir (lire ci-contre). Les urgences étant précurseurs dans ce domaine, vous ne devez que vous en satisfaire, non ?

Dr Christine Ammirati : Effectivement, il n'est jamais trop tard. La simulation, c'est notre base pédagogique depuis le siècle dernier. Le premier mannequin de simulation était la noyée Anne de Laerdal à la fin des années 50 pour l'apprentissage des gestes basiques de l'urgence qu'on ne pouvait apprendre sur les patients (massage cardiaque et bouche-à-bouche). Notre formation d'enseignant passait et passe toujours obligatoirement par les mises en situation et les simulations car il faut apprendre à faire apprendre. À l'occasion de nos journées, on va également développer nos pratiques à l'autoévaluation une fois passée la simulation car cette dernière n'est finalement qu'un prétexte à l'analyse des pratiques. Ce qui est important derrière, c'est le raisonnement clinique qu'on a pu tenir par rapport à une simulation et cela demande une formation particulière.

"La contribution à l'amélioration du parcours de soins passe par les familles, qui doivent se réapproprier les premiers gestes de l'urgence pour apprendre à porter soin et secours à la maison"

H. : Comment se positionnent les Cesu par rapport au parcours de soins, là aussi thème en vogue de nos jours ?

C.A. : Cela fait très longtemps qu'on pense que l'éducation de chacun est extrêmement importante et ce chacun, c'est aussi bien le professionnel de santé que le patient-citoyen. Dans le cadre des parcours de soins, de l'utilisation adaptée des urgences, il nous paraît nécessaire de l'accentuer. Durant nos journées, on va s'interroger sur l'intérêt d'une Éducation thérapeutique (ETP) en urgence. Dans le cadre d'un passage aux urgences, est-ce que cela peut s'avérer le point de départ ou la poursuite d'une éducation d'un patient atteint d'une maladie chronique ? Prenez le diabétique qui vient pour une hypoglycémie aux urgences. N'est-ce pas le moment de lancer quelque chose offrant un meilleur suivi ? Car cette hypoglycémie aux urgences est un point d'alerte sur quelque chose qui se passe dans la vie de ce patient. Cela prévaut aussi pour les asthmatiques. On pense qu'il y a quelque chose à faire à ce niveau-là, de même que les familles, les patients, les citoyens se réapproprient des principes de base, de situations un peu inhabituelles.


H. : Qu'entendez-vous par là ?

C.A. : Avant, chaque maison disposait d'un dictionnaire des termes médicaux et d'une pharmacie. On est un certain nombre à penser qu'il faut que les familles se réapproprient ces premiers gestes, qui ne sont pas toujours des gestes de secours (désinfection d'une plaie, etc.). On apprend cela "apprendre à porter soin et secours à la maison". Et cela va jusqu'au repérage des signes de gravité qui vont pousser à appeler le Samu et entrer dans une filière de soins qui soit simplifiée, rapide. C'est le cas pour l'infarctus ou l'AVC actuellement. La contribution à l'amélioration du parcours de soins, c'est la formation de chacun, également du généraliste, afin qu'il repère les signes qui font que ce patient fait vraisemblablement un AVC, appelle le Samu, lui permettant un parcours simplifié en passant très vite aux urgences pour se rendre au scanner, à l'IRM et éventuellement à la thrombolyse. À un moment, on n'a plus assez insisté sur cette nécessité d'éducation à la santé personnelle. Or, on est dans un moment où chacun doit se réapproprier ce chez soi, ce bon sens. Mais cela ne veut pas dire que les gens doivent rester chez eux. Ceux qui viennent aux urgences, ce n'est pas de gaité de cœur. Il faut arrêter de dire que les urgences sont submergées par des patients qui n'ont rien. Ce n'est pas vrai. C'est juste que chacun doit avoir ses missions, ses compétences.

"Sur les risques NRBC, si on commençait à faire des formations au coût réel, en disant on va s'autofinancer, je ne suis pas sûre que les établissements de santé trouvent cela drôle..."


H. : Le financement des Cesu est-il autant source d'inquiétude que celui des urgences ?

C.A. : Vous touchez un point sensible et d'actualité. Avec Samu-Urgences de France, on est un peu inquiet aujourd'hui. Nous avons cru voir passer sans concertation un texte de la DGOS où les Cesu seraient exclus des Missions d'intérêt générales (Mig) qui, jusqu'à présent, étaient octroyées aux Samu via les Missions d'intérêt général et d'aide à la contractualisation (Migac). Or, dans le code de la Santé publique, la mission d'enseignement des Samu est clairement indiquée, les Cesu ont donc une reconnaissance tout à fait réelle et réglementaire. J'ai cru comprendre qu'il devait y avoir un avis sur ce texte avant le 20 décembre. Être exclu de cette Mig si c'est pour aller sur une autre, ce n'est pas grave. Mais si c'est pour en être exclu sans contrepartie, là, ça nous ennuie beaucoup plus. Avec cette idée selon laquelle il faudrait un autofinancement des personnels des Cesu par les formations mises en place, sans la moindre aide, ce qui est un peu compliqué dans le mesure où nous faisons des formations pour les instituts de formation ou l'Éducation nationale. On ne va pas demander à ce type d'institution des coûts qui seraient énormes. C'est d'abord un service public le Cesu, c'est de l'enseignement pour tous ! Ce serait d'autant plus difficile que les Cesu ont vocation à avoir une formation en soins d'urgence extrêmement diversifiée et qui touche beaucoup d'établissements de santé, ne serait-ce que sur les risques NRBC (Nucléaire, radiologique, biologique, chimique). Si on commençait à faire des formations au coût réel de ces risques avec les matériels et compétences qui sont derrière, en disant on va s'autofinancer, je ne suis pas sûre que les établissements qui ont besoin de cette formation trouvent cela drôle...


H. : Vos journées sont également l'occasion de mettre au grand jour les travaux de recherche universitaire opérés par les Cesu...

C.A. : Oui, avec des thèses en science de l'éducation pour améliorer nos pratiques pédagogiques. Parfois, on confond Cesu et secourisme. Or, nous ne sommes pas du tout là-dedans. Les Cesu, ce sont des professionnels de l'urgence et en science de l'éducation qui forment des professionnels de santé. Exemple, à Strasbourg, il y a des travaux qui sortent sur le raisonnement clinique des urgentistes, domaine qui n'a pas encore été fouillé. Ainsi, si on n'a pas une idée diagnostic dans les cinq premières minutes, on a 95% d'erreur derrière. Il faut donc apprendre aux étudiants à raisonner vite. Dijon travaille sur un outil de simulation de régulation médicale, super intéressant pour la formation des médecins régulateurs. À Amiens, on travaille plus sur l'apprentissage collaboratif et la simulation en équipe. Etc. Nous avons tous des thèmes de recherche qui nous sont propres pour améliorer pratique et sécurité des soins."

Propos recueillis par Thomas Quéguiner

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Marc
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Re: Interview Colloque ANCESU

Message : # 73310Message non lu Marc »

"La DGOS veut nous exclure des Mig octroyées aux Samu pour nous autofinancer sur nos formations"
c'est un prêté pour un rendu. la DGOS a gobé la réforme de l'enseignement des soins d'urgence jusqu'à la lie alors qu'elle était vide de tout sens technique et pédagogique. Ah les amies...La preuve, tous les cesu ont dû eux même faire la mise en oeuvre de manière souvent non uniforme dès 2006.
"Parfois, on confond Cesu et secourisme"
oui, ça c'est le maître mot: il faut pas tout confondre hein! surtout quand plus de 80% des items de l'usine à gaz sont empruntés au secourisme. et comment il exprime sa valeur ajoutée le soignant s'il n'a pas fait les gestes de premiers secours qui s'imposent et qu'il ne maitrise pas? Quelle malhonnêteté.
bon après,elle a raison mme amirati, ça n'a rien a voir avec le secourisme qui est fait pour les médiocres, c'est du vrai travail poussé de sciences de l'éducation que seules les personnes extraordinaires peuvent comprendre, et à force de théories, on ne voit plus l'apprenant et son apprentissage. Faudra que ces gens essaient de réagir sur une urgence vitale avec des concepts, mais ils trouveront toujours moyen de publier un article derrière puisque somme toute, après le hold-up des textes de 2006, c'est ça l'essentiel.
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Re: Interview Colloque ANCESU

Message : # 73314Message non lu Capitaine Cousteau »

Ca sent l'aigreur, Marc ;-)
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Re: Interview Colloque ANCESU

Message : # 73323Message non lu Marc »

En l espèce, ça sent plutôt le cul.
Nous sommes sur le terrain et nous voyons les besoins réels en formation, de plus en plus éloignés de ce qui est fait, en particulier pour les formations de formateurs.
Bref, je retourne dans ma réserve de modérateur et aux lectures de vos proses.
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Re: Interview Colloque ANCESU

Message : # 73325Message non lu IADE2701 »

oui marc retourne dans ta réserve c'est mieux
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Re: Interview Colloque ANCESU

Message : # 73326Message non lu Marc »

Rires oui c est mieux pour quelqu un comme toi qui symbolise ce que je décrivais plus haut en ce concerne les formateurs. Rassure toi, Nous avons fait toutes les formations universitaires demandées et tout et tout. Comme mme amirati,tu peux continuer de cultiver tes certitudes,et balayer d'un retour d'égo(puisqu'il ne s'agit que de cela) les points de vues différents puis parler de smur, parler de pédagogie,parler...tu pourras même discuter 2h en public avec une photo de poule ou d œuf et la majorité des gens qui t écoutent te prendrons pour une star.ce sera super mais tu ne sauras toujours pas ni apprendre, ni former.
c est moi qui te demande de rester dans ta réserve maintenant.
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Message : # 76408Message non lu Smur »

Waouhhh!!


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