Prémédication ?
Non pas camisole chimique, mais instrument indispensable pour l'anxiolyse.
- Il n'est pas, pour moi, concevable d'arriver à une anesthésie avec une peur qui peut aller jusqu'à la panique.
- Pas normal non plus, comme je le montrais dans l'exemple précédent que des patients ne viennent pas se faire opérer à cause de la peur.
- Pas normal non plus qu'on ne diminue pas le stress alors que c'est notre principal travail, je le dis au cas ou on l'aurait oublié.
- Pas normal non plus qu'on multiplie les risques anesthésiques en ne la donnant pas et donc en nous faisant entrer, par la même, dans une zone
dangereuse. Tout d'abord un risque majeur pour la survie du patient celui-ci n'étant pas en état de recevoir une anesthésie. Deuxièmement un risque cardio vasculaire qui va être la conséquence du stress.
Enfin, je voudrais que l'on regarde les choses en face et qu'on ne se voile pas les yeux.
Combien de patients reçoivent-ils leur prémédication à l'heure et dans la qualité prescrite ?
J'ai voyagé, suis allé dans maints hôpitaux, en France comme à l'étranger et chaque fois le problème est le même.
La prémédication, le plus souvent n'est pas donnée, ce qui me semble inquiétant. Et, lorsqu'elle l'est, et bien c'est souvent beaucoup trop tard, ou beaucoup trop tôt. Pourquoi ? nous le savons tous parce que les programmes sont souvent retardés du fait d'organisations boiteuses des services, ou tout simplement lorsque des difficultés opératoires allongent les temps de programme.
Alors, soyons honnête ! combien de patients sont-ils correctement en qualité comme en quantité, correctement prémédiqués ?
Et je pense à nos patients les plus fragiles, les enfants... Est-ce acceptable cet état de fait ?
Nous devons revoir nos pratiques et je ne doute pas que notre Société Savante, la SFAR, relance un jour ce problème très sérieux.
On en est encore à chichouiller sur l'anesthésie ambulatoire. Dans certains centres on ne prémédique jamais les patients venant de l'extérieur.
Et pourquoi ? Je me pose encore la question. Quant à nos pratiques hospitalières, il serait bon de faire entrer, une fois pour toute, des critères précis concernant cette prémédication.
- Premier critère, a t'elle été donnée ?
- Deuxième critère, à quelle heure ?
- Troisième critère, le personnel para médical et médical a t'il pu constater un effet positif ou insuffisant de cette pré médication.
-Enfin, que tout soit noté, certifié et que l'on puisse tirer des statistiques précises sur ces sujets, de façon à ce que nous puissions en tirer des leçons.
Mon avis est, qu'aujourd'hui, nous sommes encore au moyen âge sur ce sujet. Alors que nous avons tant avancé pour d'autres.
Voici ce que la SFAR dit (
http://www.sfar.org/acta/dossier/archiv ... a02_23.htm) (conférence d'actualisation de 2002) :
Avant l'âge de 1 an, 4,4 garçons et 2,2 filles pour 1 000 anesthésies y sont exposés, toutes pathologies confondues. La survenue de décès péri-opératoires est liée à l'expérience pédiatrique des anesthésistes [10]. Le taux s'abaisse à 0,5 pour 1 000 entre 1 et 4 ans, puis reste très bas, inférieur à 1 pour 1 000 jusqu'à l'âge de 45 ans. La mortalité croît régulièrement avec l'âge jusqu'à 7 pour 1 000 après 85 ans chez les hommes [8].
La gravité des complications est liée à l'âge des patients et au nombre d'affections associées. La mortalité passe de 5 % des accidents avant 45 ans, à 50 % après 85 ans
Pour réduire ces risques, il serait bon, en premier que nous revoyions nos pratiques concernant la pré médication.
Selon moi, et je n'engage que ma propre responsabilité dans cette discussion, nous avons été très vites dans certains domaines et nous sommes à la traîne dans d'autres.
Qu'est ce que tout cela veut dire ?
Que le système actuel n'est pas bon. Qu'il faut le substituer à un autre.
Par exemple, on pourrait imaginer que ce soit une infirmière anesthésiste qui donne la prémédication en fonction de l'heure réelle de l'intervention, qu'elle pose en même temps un pansement d'Emla sur le bras qui sera piqué, qu'elle réponde aux questions que se posent encore les patients. Bref, que la prise en charge ne se fasse pas DANS le bloc, mais en amont de celui-ci.
Et que ce poste soit perene et à temps plein surtout !