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Lettre ouverte au SNPHAR ( + réponse)

Posté : 31 mars 2010, 17:13
par Maxime
En réaction à l'article "IADE : le bon bout de la lorgnette", dont il est question ici
http://www.laryngo.com/phpBB2/viewtopic.php?t=3853

L'étude que je cite

Son analyse pour les anglophobes


Lettre au format PDF
http://www.laryngo.com/documents/lettre ... SNPHAR.pdf

DARDE Maxime
Infirmier Anesthésiste
Responsable de http://www.laryngo.com



TORRIELLE Richard
Administrateur du SNPHAR
En charge des IADE au sein du SNPHAR

Objet : Lettre ouverte au SNPHAR


Docteur,


La publication au mois de mars 2010 de l’article intitulé « IADE : le bon bout de la lorgnette » dont vous êtes l’auteur pour le SNPHAR a suscité de nombreuses réactions au sein de la profession IADE, et fait apparaitre une grande incompréhension entre le SNPHAR et les infirmiers anesthésistes.

Une partie importante de votre argumentation concerne la réalisation d’anesthésies locorégionales et de leurs conséquences, immédiates et à long terme. La réalisation de ce type d’anesthésie n’a jamais fait l’objet d’une revendication de notre part. La pratique de ces techniques ne sont ni enseignées, ni évaluées au cours de notre formation. Ce sont essentiellement des éléments de surveillance, et de prévention et gestion des complications qui sont abordés.

Notre formation, comme vous le savez, s’articule essentiellement autour de la pratique de l’anesthésie générale. Vous soulignez à juste titre que cette pratique va bien au-delà de simples gestes techniques, c’est la raison pour laquelle notre formation dure deux années après un concours sélectif que ne sont autorisés à présenter que des infirmiers confirmés.

Cette formation nous prépare tout naturellement à la prise en charge de l’anesthésie générale d’un patient. La meilleure preuve en est la description des épreuves du diplôme d’état d’infirmier anesthésiste. L’épreuve pratique est la prise en charge d’un patient depuis son accueil au bloc opératoire jusqu'à son arrivée en salle de réveil. Les épreuves écrites comportent la même épreuve, en allant généralement jusqu'aux critères de surveillance et de sortie de salle de réveil. Ces éléments de formation et d’évaluation sont supervisés par des conseillers techniques, médecins agrégés en anesthésie réanimation, pour la plupart d’entre eux chefs de service.

C’est donc tout naturellement que notre exercice professionnel se tourne vers l’anesthésie générale, et c’est cet exercice qui est reconnu par les anesthésistes sur le terrain. Et il ne me semble ni hypocrite ni malsain d’affirmer que des infirmiers anesthésistes réalisent des anesthésies générales dans leur globalité, pour des interventions simples telles que vous les décrivez dans votre article, toujours sous la supervision d’un anesthésiste pouvant intervenir à tout moment. Il n’est en effet absolument pas dans nos intentions de nous affranchir de cette supervision médicale, essentielle pour garantir la sécurité des soins apportés aux patients comme vous l’avez rappelé, et comme l’illustre l’étude que vous citez dans votre article.

Et s’il est bien évident que les IADE n’ont pas le ‘background’ d’un médecin anesthésiste, ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont capables que de reproduire des gestes techniques et de surveiller un moniteur, comme le démontre une étude récente parue dans le British Médical Journal (BMJ 2009;338:b231 ) où des infirmières correctement formées obtiennent des résultats très significatifs autant sur des gestes techniques invasifs complexes que sur des éléments de diagnostic.

Sans entrer dans une logique d’argumentation par études interposées, il me semble important d’insister sur le fait qu’il n’est nullement question pour notre profession de contester la nécessité d’une présence médicale disponible à tout moment pour superviser notre pratique, en quelque lieu que ce soit. Nous sommes des professionnels de l’anesthésie, une discipline exigeante, et notre formation nous permet de connaître parfaitement les limites de nos compétences. A ce titre, nous sommes prêts à assumer les responsabilités des actes que nous pratiquons déjà quotidiennement, vis-à-vis des anesthésistes avec lesquels nous travaillons, et des patients que nous prenons en charge. Responsabilité qui va de pair avec la reconnaissance de ces actes, et la juste rémunération qui en découle.

C’est dans cette optique que les IADE souhaitent se positionner au travers des réunions sur l’identification de pratiques avancées pour le métier d’infirmier anesthésiste, auxquelles vous participez.

Les pistes de réflexions sont nombreuses, plusieurs ont été proposées dans le communiqué commun du 7 mars 2010, présenté sur votre site. Elles méritent toutes d’être étudiées, et devraient permettre tout naturellement d’obtenir la juste reconnaissance au niveau Master de notre profession. Outre cela, il est fondamental que ces pratiques avancées reconnaissent clairement nos compétences réelles en anesthésie, telles que nous les exerçons déjà quotidiennement. Nier aussi frontalement la réalité du terrain ne peut qu’entretenir un fossé d’incompréhension et un vécu d’abandon de notre profession par les anesthésistes, voire de créer un sentiment d’obstacle mit en travers de notre reconnaissance, justement au moment ou celle-ci peut se déterminer.

Les communiqués de soutien que nous avons reçu de votre syndicat dans le cadre de nos mobilisations du mois de mars témoignent de l’intérêt que vous nous portez. Je ne doute pas que vous comprendrez donc le sens de mon courrier.

En espérant que ce message saura retenir votre attention, et trouver un écho favorable auprès de votre syndicat,

Bien respectueusement,

Maxime DARDE
La réponse de Richard TORRIELLI
Cher Monsieur Darde

Je vous remercie de l’intérêt que vous avez porté à l’article publié dans la revue PHAR n° 52.

Tout d’abord, je prends note avec satisfaction que « la réalisation d’anesthésies locorégionales n’a jamais fait l’objet d’une revendication de votre part ». Comme cela n’a pas été toujours le cas de quelques-uns d’entre les IADE, j’ai cru devoir aborder le problème dans l’article.

Par ailleurs, vous faites très justement allusion au soutien du SNPHARe à votre mobilisation et aux pistes de réflexion proposées dans le communiqué commun du 7 mars 2010 présenté sur notre site. Sachez que ces pistes sont activement explorées au cours de dialogues répétés et je crois constructifs entre les représentants des différentes organisations de IADE et celles des médecins anesthésistes-réanimateurs, tous statuts et lieux d’exercice confondus. Le SNPHARe est tout particulièrement impliqué dans cette démarche.

Ces dialogues mettent au jour une compréhension réciproque entre IADE et MAR, condition indispensable à la pratique de nos métiers. J’espère qu’ils permettront une avancée significative sur l’ensemble des points qui préoccupent légitimement les IADE.

Je vous prie de croire, Cher Monsieur, en mes sentiments les meilleurs.

Dr Richard Torrielli

Posté : 31 mars 2010, 17:25
par TOF
Super Maxime !!!

:applause:

Posté : 31 mars 2010, 17:30
par jean philippe H
Trés bien Maxime...clair, net, precis...et polis...la balle est dans leur camp... :smt013 :smt013

Posté : 31 mars 2010, 17:39
par sandrine
pas mieux! :applause: :applause: :applause:

Posté : 31 mars 2010, 17:40
par tannenberg
+1...

Posté : 31 mars 2010, 17:42
par Acoupan
+1....
:applause: :applause: :applause:

Posté : 31 mars 2010, 17:54
par hypnov'elle
Oui, tout est là, c'est exactement ca ! Bravo !

Posté : 31 mars 2010, 18:01
par Nozinan
superbe !
(à part une ou deux fautes de frappe :

Une partie importante de votre argumentation concerne de la réalisation d’anesthésies (...)

Responsabilité qui va de paireavec la reconnaissance de ces actes, et la juste rémunération qui en découle. )

cool, faut il la relayer tous au snphar et sfar ?

Posté : 31 mars 2010, 18:11
par TOF
bonne question Nozinan !!

Maxime on relaie ou pas ?

Posté : 31 mars 2010, 18:17
par réaseb
Ils vont peut-être enfin comprendre que l'on bosse ensemble et que l'on ne veut pas leur piquer leur boulot. Qu'ils reconnaissent une fois pour toute l'utilité de notre présence constante pour assurer la sécurité du patient pendant qu'ils endorment dans une autre salle, qu'ils sont appeler dans les étages ou aux CPA.
Messieurs les MAR nous ne sommes pas que là pour ouvrir les salles et faire les commandes de pharmacie. :LolLolLolLol: :smt031

Posté : 31 mars 2010, 18:27
par Maxime
On peut la relayer, de toute façon, c'est une lettre ouverte...

J'ai enlevé le "de" en trop (a force de lire et relire, on zappe ce qui crève les yeux), mais pour le 'pair', je maintien
http://grammaire.reverso.net/2_1_62_pair_paire.shtml

Le courrier au format PDF
www.laryngo.com/documents/lettreouverteSNPHAR.pdf

Posté : 31 mars 2010, 18:36
par réaseb
Je viens de lire l'article, j'ai adoré la fin avec le passage sur est-ce que l'iade est prêt à prendre ses responsabilités en cas d'accident, c'est ce que l'on fait tous les jours à moins de jouer les cowboys sans une once de conscience professionnelle.
Et quand il parle d'expliquer au patient pour quoi il a été piqué 10 pour une rachi, je n'ai jamais vu un interne expliquer cela après plusieurs tentatives infructueuses et le Sénior encore moins , au contraire on dit au patient de ne pas bouger ou qu'il a un espace vertébral arthrosique et dur comme du béton mais jamais excusez moi j'ai peu d'expérience, je vous repique une seconde fois sinon je passe la main au MAR qui m'encadre " sans être en salle". :smt026 :bigun2: :carton2: :carton2: :carton2: :carton2: :enculmouche: :enculmouche: :enculmouche: :enculmouche: :enculmouche:

Posté : 31 mars 2010, 18:47
par Ketalar01
Très bonne réponse de la part de Maxime.
Judicieux de bien préciser que notre but est d'être reconnu
et non de prendre leur place.
Par contre je trouve dommage d'insister autant sur l'ag
sans ce laisser la porte ouverte aux rachi et aurez ALR.
Ceci pourrait toujours être une voie pour l'avenir avec un complément
de formation a la clé .
Proclamer que cela ne nous intéresse pas aussi rapidement
n'es ce pas aller un peux vite en besogne?
Quoi qu'il en soit cela reste une réponse très
bien construite et Claire.
Du beau travail comme d'habitude.
Au final on les innonde avec ce courrier pour bien faire passer le message?
Moi je trouve l'idée plus que séduisante .

Posté : 31 mars 2010, 18:47
par Solis
Bravo, tout est dit.
J'imprime et j'affiche tout de suite... :smt032

Dis moi Maxime, serait-il possible de créer une partie dans ton site, dans laquelle tu rangerais tous les textes de lois déja parus( pas trop ancien) ainsi que ceux qui sont sur la selette.. ex: l'article 30, le protocole d'accord dans son entier...etc..etc...
Je te demande ça parce que quand je suis allée voir mes députés dans mon département, j'ai eu un peu de mal à mettre la main, dans un délai aussi court, sur tous ces documents..
En gros ce serait une sorte de bibliothèque dans laquelle on pourrait aller piocher... :smt030
Au lieu de relire les pages de discours pour enfin trouver le lien que l'on cherchait...

Merci si tu peux faire ça..
:smt016

Posté : 31 mars 2010, 18:50
par Hypnoman
Excellent! Courrier parfait.
Merci Maxime.

Posté : 31 mars 2010, 18:51
par Tartiflette
EXCELLENT COURRIER QUI VA DROIT AU BUT!


:smt023 :smt023 :smt023 :smt023 :smt023 :smt023 :smt023 :smt023

Posté : 31 mars 2010, 19:04
par Louise Michel
Paragraphe 6 :

"Et s’il est bien évident que les IADE n’ont pas le ‘background’ d’un médecin anesthésiste, ce n’est pas pour autant qu’il ne sont capable que de reproduire des gestes techniques et de surveiller un moniteur, comme le démontre une étude récente ....."

J'ai peut-être mal compris, mais la phrase ne devrait-elle pas être:
"Et si il est bien évident que les IADE n'ont pas le background d'un MAR, ce n'est pas pour auant qu'il ne sont PAS capable de ......"

Là, il manque une négation, non ?

De plus, plutôt que "capable" je parlerai de "avoir la compétence de...."

merci maxime

Posté : 31 mars 2010, 19:05
par saint-bernard
Super réponse, qui n'attaque pas de front et reprend tous les argumentaires que nous défendons au quotidien et par le biais de nos différentes représentations professionnelles... :bravo:

Posté : 31 mars 2010, 19:11
par réaseb
louise,
je pense que maxime veut dire par là que nous ne sommes pas là que pour faire des gestes techniques et surveiller un moniteur. Que l'anesthésie demande aussi une réflexion, une analyse de la situation en fonction du patient, de la chir et que nous ne sommes pas uniquement des exécutants en fin c'est ce que j'ai compris. :smt031

Posté : 31 mars 2010, 19:29
par tonylabricole
courrier clair et déterminé, parfait!

petit faute d'orthographe, il me semble:
obstacle mis en travers