huss a écrit :beaucoup de services utilises cette méthode
Ça ne prouve rien...
huss a écrit :de plus l'étude "ICE REA" (que tu ne dois surment pas connaitre) préconise l'utilisation de la couverture de survie dans le cadre du refroidissement de la personne prise en charge pour une ACR...
On peut se servir des outils de mille façons. Mais certaines sont plus efficaces que d'autres.
Pour mieux comprendre, le plus simple est de s'intéresser aux lois physiques.
Dura lex sed lex, et qu'on soit en réa ou en préhospitalier, ide ou iade, beau ou laid, nous sommes tous soumis aux mêmes lois. Quels sont les quatre façons pour un corps (vivant ou pas) d'échanger de la chaleur (de se réchauffer ou de se refroidir) ?
1) La conduction.
C'est un moyen peu rentable, que ça soit pour le réchauffement ou pour le refroidissement.
En effet, la quantité de chaleur échangée dépend de la différence de température des surfaces en contact et de leur surface. Mais il est bien entendu impossible d'utiliser une surface très chaude pour réchauffer (37°5 à 38°C, au-delà, le risque de brûlures est réel, surtout si le patient est hypotherme). Et inversement, pour refroidir, l'organisme va vite réagir par une vasoconstriction des zones en contact, qui va limiter les échanges.
2) La convection
C'est l'échange par mouvements de fluides. On se refroidit dans un courant d'air (ou d'eau) froid, et on se réchauffe dans un courant d'air (ou d'eau) chaud.
C'est assez efficace, et d'ailleurs très utilisé. Les appareils soufflants sont utilisés au bloc pour réchauffer les patients. Si le patient doit être refroidit, il suffit de couper le chauffage (position "air ambiant"), à condition que l'air de la pièce soit plus froid que le patient, ce qui est généralement le cas.
Avant leur arrivée, un des trucs pour refroidir les patients consistait à bricoler un tunnel avec un ventilateur, une bassine remplie de glace et un ventilateur. On utilisait deux cerceaux (les trucs en métal pour éviter que le drap ne repose sur le patient), sur lequel on mettait un drap mouillé, ou... une couverture de survie (qui ne sert là qu'à isoler le tunnel).
3) La radiation
Tout corps (qui n'est pas à -273°C) émet de la chaleur sous forme de rayons. Pour refroidir le patient, il faut donc l'éloigner des sources de chaleur (les radiateurs), et éviter de réfléchir ses rayons émis vers lui.
Donc la couverture de survie posée sur un patient qu'on veut refroidir n'est probablement pas un bon moyen. Mais elle peut servir de vessie de glace : on fait une poche où l'on met les glaçons, et on pose cette poche sur les zones de passage du sang, le cou, les plis de l'aine, et le crâne. Étant donné que les glaçons échangeront peu de chaleur avec l'air extérieur, leur pouvoir réfrigérant sera utilisé par le patient. Ça peut être une bonne idée si la couverture ne recouvre pas le patient, mais seulement des zones ponctuelles.
4) L'évaporation
Moyen très efficace. Chaque gramme d'eau qui s'évapore à la surface de la peau du patient lui fait perdre 580 calories, soit la quantité de chaleur qui réchauffe d'un degré un demi-litre d'eau.
Très facile à mettre en oeuvre, il suffit d'un brumisateur à plantes (à défaut, on peut mouiller la peau avec un linge humide), on pulvérise de l'eau sur la peau du patient. L'inconvénient, c'est qu'il faut le refaire souvent (et il faut que le patient soit nu, ou au moins que l'air puisse circuler sur lui).
On peut coupler les moyens pour obtenir un refroidissement idéal :
-les vessies de glace aux racines des membres, à côté du cou et sur le crâne ; l'effet est double, conduction mais aussi refroidissement du sang qui passe par là ;
-le refroidissement des solutés de perfusion ;
-la soufflerie d'air froid, artisanal ou avec l'aide d'une machine prévue pour ;
-l'évaporation, en mouillant régulièrement la peau du patient ; combiné au tunnel bricolé, c'est très efficace.
Et bien sûr, éviter tout ce qui peut réchauffer le patient.