Accident de décompression

Activité des paramédicaux SMUR et Sapeurs Pompiers, leur matériel et leurs techniques

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Yves Benisty
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Accident de décompression

Message : # 86952Message non lu Yves Benisty »

Encore un marché de niche… Mais j'ai repéré quelques participants plongeurs. Si ça se trouve, je croise Nicol sur un forum dédié à la photo subaquatique (où je participe sous un pseudo).

L'accident de décompression ou ADD concerne les plongeurs loisir et professionnels, les travailleurs subaquatiques, les tubistes (ouvriers travaillant dans des chantiers sous pression)… Et les spationautes lors des sorties extra-véhiculaires.

En plongée, le fait de respirer un gaz (le plus souvent de l'air) sous pression va induire un stockage d'azote dans les tissus. Tout va bien tant que le plongeur est sous pression (au fond, tout va bien). Mais quand il remonte et que la pression diminue, l'azote sort des tissus. Si le dégazage est trop rapide, c'est l'accident de décompression.

On explique souvent l’accident de décompression en comparant avec une bouteille de boisson gazeuse. Le gaz dissous dans l’eau est du CO2, on va le comparer à l’azote (N2) dissout dans l’organisme. Tant que la bouteille est fermée, il existe un équilibre entre la quantité de gaz dissous dans le liquide et le gaz sous pression au-dessus du liquide. Si on ouvre la bouteille brutalement, en particulier après l’avoir secouée, le liquide dégaze brutalement et gicle à l’extérieur de la bouteille. C’est l’accident de décompression. Pour l’éviter, il faut ouvrir un tout petit peu la bouteille (remontée à vitesse contrôlée, Slowly Ascent For Every dive, SAFE). On peut aussi refermer la bouteille et attendre une minute avant de la réouvrir, c’est le palier de décompression.

Jean-Claude Ripoll, ingénieur en aéronautique et instructeur de plongée, propose une autre comparaison, je le cite.

« Nous pouvons comparer l’organisme à une galerie de peinture. Il y entre des tableaux (O2) qui pour certains seront consommés. L’exposition terminée, quelques-uns auront été achetés et emportés. Seuls les invendus ressortiront pour s’égayer de nouveau dans la nature. Il y entre aussi des visiteurs (N2). Pour ceux-ci l’entrée ne pose pas problème. À supposer même que plusieurs cars de touristes arrivent simultanément, étant à l’extérieur, ils disposent d’un espace infini pour faire la queue en s’armant de patience. Pour la fermeture du soir par contre, l’affaire sera plus délicate. Certains se seront enfoncés très profondément jusqu’au fin fond des petites salles terminales à l’accès étroit et tortueux. Et il n’y a qu’une seule sortie. Aussi faut-il bien à l’avance annoncer l’approche de la fermeture, répeter aux hauts-parleurs le temps restant, faire des appels de lumière… Convenablement drainés, ils s’écouleront sans dommage vers l’extérieur.

Imaginons une nécessité incontournable de sortie rapide, un incendie par exemple. Alors les occupants confinés dans un espace fini manifesteront leur frayeur par des mouvements désordonnés au sein même de l’organisme. S’ensuivront des lésions internes : ils se bousculeront, se piétineront. La sortie étant trop loin, des fenêtres risquent de voler en éclat et certains gicleront en catastrophe par ces ouvertures improvisées : c’est le dégazage anarchique de l’ADD. »
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